GoodPlanet fête ses dix ans. C’est déjà beaucoup, suffisamment pour que je doive faire le tri dans mes souvenir pour en raconter l’histoire. Mais c’est aussi relativement peu, en comparaison d’autres organisations, comme WWF France qui a fêté ses 40 ans ou la fondation Nicolas Hulot qui a dépassé 30 ans. GoodPlanet est donc comme le petit dernier d’une grande fratrie, un enfant par rapport à ses grands cousins déjà dans la force de l’age. L’avantage, c’est que GoodPlanet est encore suffisamment jeune pour que tous les possibles lui restent ouverts, pour que son destin puisse encore hésiter parmi tous ces chemins que la Fondation pourrait emprunter.
Mais en cette année d’anniversaire, j’aimerais retracer rapidement quelques lignes de son évolution, en comparant ce qu’était la Fondation en 2009 et ce qu’elle est en 2015, car ces deux années marquent des étapes cruciales en même temps qu’elle offrent d’étonnantes similitudes.
En 2009, l’actualité internationale était dominée par la conférence internationale sur le climat de Copenhague. L’ensemble de la Fondation est partie dans la capitale danoise, nous avons organisé un grand festival de cinéma avec de multiples débats, dont l’un, mémorable, avec mon ami Al Gore. Mais nous qui rêvions du grand soir écologique, nous avons été bien déçus par l’échec des négociations.
En 2015, l’actualité écologique est à nouveau dominée par un sommet international sur le climat, à Paris cette fois-ci. Mais finalement, assez peu de choses ont changé depuis. Si ce n’est nos espérance : nous savons que ce n’est probablement pas là que se jouera le destin de la planète. Citoyens, collectivités et entreprises disposent d’une capacité d’action que les États ont beaucoup de mal à mettre en œuvre. C’est pourquoi, la Fondation lance un grande campagne baptisée « La solution est dans l’assiette », qui vise à sensibiliser les citoyens, les collectivités et les entreprises sur la relation entre climat et alimentation (celle-ci représente plus de 20 % des émissions de gaz a effet de serre) – Un peu à la manière de la campagne 10:10 que nous avions lancé juste après Copenhague.
En 2009, GoodPlanet est devenue une fondation reconnue d’utilité publique. Elle n’était auparavant qu’une association. Cette transformation lui a permis de trouver les moyens de son action en même temps qu’elle signifiait la reconnaissance des pouvoirs publics quant à son rôle. 2015 voit un autre changement essentiel pour le fonctionnement même de la Fondation. Celui de la création du domaine de Longchamp. Nous récupérons en effet la concession du WWF auprès de la mairie de Paris pour le domaine que nous occupons dans le bois de Boulogne et cela afin d’en faire un espace ouvert au public, avec des expositions, des concerts des conférences, des activités pédagogiques pour les petits, etc. J’espère créer un lieu unique en France, qui accueille les citoyens, les militants, les acteurs et les penseurs les plus variés, – tous ceux et celles qui veulent inventer un monde nouveau. C’est un pari considérable pour la Fondation, mais je suis persuadé qu’il ouvrira une nouvelle ère pour son développement.
2009, c’est aussi l’année de la sortie de mon film HOME, tandis que 2015 est l’année de la sortie de HUMAN. HOME est évidemment un moment important. Une grande joie me saisit quand je pense aux 600 millions de personnes qui ont regardé le film de par le monde. Mais c’est aussi, pour la Fondation, le début d’une notoriété internationale, puisqu’elle a été associée au film et qu’elle en assure aujourd’hui la diffusion. Mon film HUMAN est lui aussi un moment très important pour moi, et il est lié d’une manière intime à 2009. C’est cette année encore que le projet 6 milliards d’Autres était exposé au Grand Palais à Paris. C’était l’aboutissement d’un travail vidéo de plusieurs années, près de 6000 interviews réalisées tout autour du monde, pour dresser un tableau vivant de l’humanité. C’est ce travail qui a donné naissance au projet HUMAN.
Et finalement, HUMAN marque aujourd’hui la direction fondamentale dans laquelle j’aimerais orienter mon travail et l’activité de la Fondation : vers une vision profondément humaniste du développement durable, qui place les hommes et les femmes au cœur des problématiques, qui plus encore que de protéger les plantes ou les animaux, se soucie, pour nous tous qui vivons sur Terre, d’un nouveau vivre ensemble.
Bien entendu, entre 2005 et 2015, un grand nombre d’autre projets ont vu le jour à la Fondation. Action carbone, le premier programme de GoodPlanet qui, au travers de compensation et de la finance carbone, soutient un nombre sans cesse croissant de projet dans les pays du Sud, les Posters dans les écoles, les les sites web et les livres de la rédaction, le programme océan, les actions de RSE, les écoles climatiques etc. La liste est longue déjà et j’espère qu’elle ne s’arrêtera pas ici.
Mais finalement, au travers des trois exemples que j’ai détaillés, j’espère avoir tracé des lignes générales : inscription dans le calendrier mondial, humanisme, sensibilisation du grand public. Dans cette direction, je souhaite un bel anniversaire à la Fondation GoodPlanet, et je remercie chaleureusement les nombreux salariés, bénévoles et partenaires qui nous ont accompagné dans cette merveilleuse aventure.
Yann Arthus-Bertrand