Chaque année en France, sur un cheptel d’environ 1 million de ruches, nous perdons plus de 300 000 colonies d’abeilles. Un chiffre alarmant, qui résume la situation critique à laquelle sont confrontés les apiculteurs. Pour en savoir un peu plus sur le sujet et à l’occasion de la troisième édition de l’Université des abeilles qui se tiendra à l’UNESCO le 22 mai, nous sommes allés à la rencontre de Thierry Dufresne, président et créateur de l’observatoire français de l’apidologie. Il agit pour la sauvegarde des abeilles. Ce dernier nous a présenté quelques pistes afin d’aider la biodiversité et la filière du miel.
Qu’est-ce que l’apidologie ?
L’apidologie est l’étude du comportement des abeilles. Notre objectif est tout simplement de comprendre pourquoi certaines espèces se portent bien et d’autres mal. Et ce n’est que grâce à des recherches scientifiques approfondies que nous pouvons trouver les raisons de la mortalité de ces dernières.
En raison d’un fort taux de mortalité dans les colonies, l’hiver dernier a été assez rude pour les apiculteurs. Quelles sont selon vous les principales causes du syndrome de l’effondrement des colonies d’abeilles ?
Plusieurs facteurs l’expliquent. Il y a bien évidemment l’usage de pesticides et d’insecticides qui impacte la santé des abeilles. Les seconds motifs de cette mortalité sont les pathologies. Car, plus l’abeille va être affaiblie par l’environnement dans lequel elle vit et plus elle va être sensible aux maladies. Les coupables sont également les parasites extérieurs, tels que le varois ou encore le frelon asiatique.
Existe-t-il des solutions?
Afin de préserver les abeilles, nous devons mener à tous les niveaux des actions pour favoriser la mise à disposition de ressources alimentaires. Nous observons en effet de plus en plus de désertification et de régions où la monoculture domine. Ces 2 phénomènes provoquent une raréfaction des ressources alimentaires des abeilles.
Pouvez-vous donner à nos lecteurs des gestes simples pour participer au sauvetage de cette espèce ?
Nous pouvons semer dans notre jardin ou même sur notre balcon des graines mellifères afin de pallier à la pénurie de ressources alimentaires que nous avons mentionnées juste avant. Il est également judicieux d’être plus attentifs à la composition des produits que nous consommons. Je pense enfin, qu’au-delà de son bulletin de vote, nous avons une force formidable qui est notre carte bancaire. Cette dernière nous permet en effet de sanctionner dans notre acte d’achat ce qui est bon et ce qui n’est pas bon, et donc, de soutenir la filière française d’apiculture.
Que peuvent faire les consommateurs ?
La première des solutions, c’est d’accepter de changer nos styles de vie et de consommation. Notre société est toujours tentée de croire que ce qui est en train de se passer actuellement n’est pas certain et que la planète subsistera encore longtemps. Notre regard doit être capable d’aller au-delà de l’immédiat et de prendre en compte le monde de demain.
Enfin, comment la filière française du miel fait face à la rude concurrence étrangère qui propose un miel à bas coût ?
La première action que nous essayons de mener au sein de l’Observatoire Français d’Apidologie et que nous devons tous mener de manière solidaire c’est la revalorisation de ce qu’est le miel. Il est un produit exceptionnel tout d’abord par sa pureté, mais également par les effets qu’il produit sur la santé. La plupart du miel vendu à bas coût dans nos supermarchés provient de pays où les conditions et les normes sanitaires ne sont pas les mêmes que sur notre territoire. Le produit est donc souvent altéré et coupé avec du sirop de glucose.
Le gouvernement a également sa part de responsabilité, car il devient essentiel d’exiger une traçabilité transparente des produits. Aujourd’hui, il n’y a aucune obligation dans la loi de préciser la provenance du miel vendu en France. Cela permettrait pourtant de ne plus trouver dans les étals de nos magasins du miel qui n’a de miel que le nom et absolument pas la qualité.
Propos recueillis par Myriam Azoul
Interview initialiement publiée sur GoodPlanet mag