Cuisiné en vapeur ou à la plancha, le poisson séduit tout le monde ! Du lieu noir à la sole, il y en a pour tous les goûts… et les portefeuilles.

Aujourd’hui, plus d’1 milliard de personnes dépendent des ressources halieutiques comme source principale de protéines animales, notamment les habitants des pays d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et d’Amérique Latine possédant des zones littorales urbaines (FAO, SOFIA 2018). Au niveau mondial, le poisson et les produits de la pêche n’apportent en moyenne que 34 calories par personne et par jour. Plus qu’une simple source d’énergie, le poisson fournit des protéines animales de grande qualité et faciles à digérer, et aide notamment à lutter contre les carences en micronutriments (FAO, SOFIA 2018).

Seulement, 80% des espèces propres à la consommation sont surexploitées ou pleinement exploitées.

Aujourd’hui, 3 minutes pour comprendre la surpêche et comment y remédier.

Qu’est-ce que la surpêche ?

Au milieu du XXe siècle, la pêche artisanale côtière de petite échelle a laissé place à la pêche industrielle hauturière (de pleine mer) de grande échelle ayant inévitablement des répercussions sur les populations sauvages de poissons et de fruits de mer.

La demande toujours grandissante en poisson combinée à une population humaine en constante augmentation entraine nos océans dans une lutte pour garder le rythme des pêches incessantes.

Une méthode de pêche peu contrôlée qui puise copieusement dans les stocks de poissons, de crustacés ou de mollusques risque l’épuisement des stocks des espèces. Généralement, ce sont les espèces à forte valeur monétaire qui sont ciblées. En tête d’affiche, nous retrouvons bien évidemment le thon rouge !
On parle de surpêche quand la hausse du nombre de captures entraîne :

  • La diminution du nombre de prises
  • La diminution de la taille moyenne et de l’âge moyen des prises
  • La diminution du nombre d’individus mâtures prêts à se reproduire

Une espèce de poisson peut potentiellement disparaitre si elle ne peut pas se renouveler correctement. On parle de résilience. C’est la capacité d’une espèce à revenir à son état d’équilibre après une perturbation externe, ici, la pression de pêche. Il est important de respecter le cycle de vie des espèces afin de permettre le renouvellement des stocks. La patience est plus ou moins de mise selon les espèces, notamment pour les gros poissons ayant un cycle plus lent. Par exemple, le thon rouge arrive à maturité sexuelle entre 4 ans et 9 ans.

Un peu d’histoire 

La prise de conscience d’une surexploitation des ressources halieutiques est relativement récente. Toutefois, des témoignages datant du XIXe siècle évoquaient déjà la raréfaction de certaines espèces de poissons côtiers tels que le hareng ou la morue dans des régions spécifiques où la ressource semblait abondante et les pêcheurs nombreux.

Des méthodes de pêche gourmandes pour exploiter « l’or bleu »

Aujourd’hui, le poisson représente un marché mondial de 33 milliards d’euros. Pour répondre à la demande toujours plus grandissante des consommateurs, l’industrie de la pêche a mis au point des techniques efficaces et économiquement intéressantes.

Alors que l’on croyait les stocks inépuisables, des méthodes de pêche invasives et destructrices ont vu le jour : chalutage, pêche à la senne ou encore pêche à l’explosif, elles sont redoutables pour les espèces et pour les habitats, qu’elles soient aujourd’hui illégales ou non.

Par exemple, la pêche à la senne permet de capturer plus de 100 tonnes de poissons pélagiques tels que le thon, la sardine, l’anchois ou le maquereau en encerclant un banc à l’aide de filets.

Le problème majeur de ses pêches peu ciblées est le « bycatch », les prises accessoires. Il s’agit de la capture involontaire de poissons lors d’une pêche ciblant des espèces spécifiques. Il peut également s’agir de la capture de poissons juvéniles protégés pendant leur croissance. Les prises accessoires sont généralement rejetées mortes à l’eau car elles ne possèdent pas une valeur monétaire suffisante ou que leur capture est illégale. Ces prises-là ne sont pas recensées et ne rentre pas dans la production halieutique mondiale. Toutefois, on estime que 7.3 millions de tonnes de poissons sont capturés accidentellement par an. On compte notamment dans les nombreuses prises des marsouins, dauphins, tortues et baleines.

Au fil de l’eau… la production halieutique mondiale.

Selon la FAO (The Food and Agricultural Organization of the United Nations), le nombre total de navires de pêche dans le monde était estimé à environ 4.6 millions en 2016, l’Asie possédait la flotte de pêche la plus importante, avec 3.5 millions de bateaux, soit 75 pour cent de la flotte mondiale. 1% de la flotte mondiale est responsable de 50% de la capacité de pêche mondiale. Difficile pour les petits bateaux de rivaliser…

La FAO a recensé la production halieutique (pêche de capture) et aquacole (provenant des fermes marines) mondiale depuis 1950. En 75 ans, on a multiplié la production par 9 pour une population humaine qui est passée de 5 à 7 milliards.

L’année 2016 fut la plus productive avec 171 millions de tonnes de poissons capturés (aquaculture et pêche confondus). Un engouement excessif pour le poisson explique donc cette hausse de la production qui ne peut s’expliquer que par la croissance démographique.

En effet, la production halieutique et aquacole continue d’augmenter de 3.5% par an depuis 2005, ce qui dépasse largement le taux d’accroissement démographique de 1.6% (FAO, SOFIA 2018).

Toutefois, l’avenir semble appartenir à l’aquaculture qui a jusqu’ici réussi à combler le déficit entre l’offre et la demande. Prochaine étape, une aquaculture 100% durable ?

La consommation en France

En France, on consomme 35 kg de poisson par habitant par an. Sur ces 35 kg, 24 sont importés. D’où vient le poisson que nous mangeons ?

L’Union Européenne est le premier importateur mondial de poisson : les livraisons arrivent notamment d’Asie, d’Afrique et d’autres pays d’Amérique Latine. La survie des communautés locales de ces régions dépend de leur accès aux ressources marines. Les industriels vident petit à petit leurs stocks pour les distribuer aux quatre coins du monde.

Les victimes de la surpêche et l’impact sur les écosystèmes

Certaines espèces sont victimes de leur succès : la morue de Terre-Neuve, le thon rouge ou encore la sardine qui ne bouche plus le port de Marseille. Le nombre de thons rouges a diminué de plus de 80 % en quelques décennies.

Chacune de ses espèces a un rôle primordial dans son écosystème propre. La morue et le thon, de super-prédateurs régulent les populations de petits poissons. Quant à elle, la sardine est le mets préféré de nombreux gros poissons comme les espadons, les dauphins ou encore, le fameux thon. Affaiblir un maillon de la chaine trophique, c’est avoir un impact sur le reste de la chaine.

Bien évidemment, les pêcheurs locaux sont eux-aussi victimes de la surpêche : elle affecte leur rendement déstabilisant leur effort de pêche. En 2014, la pêche fournissait des emplois à 60 millions d’individus dans le monde dont 84% en Asie et plus de 10% en Afrique (FAO, SOFIA 2014).

Des mesures gouvernementales drastiques mises en place ?

Un bon nombre de réglementations et d’accords existent pour faire face à la surpêche. Toutefois, la réalité montre que la mise en place est partielle. Même si le contrôle des importations et de la pêche locale est relativement efficace en Union Européenne, cela reste une exception. La route vers une pêche 100% durable est longue. La gouvernance mondiale et nationale se concentre sur 3 points :

  • établir un réseau de réserves marines qui couvriraient 30 % de nos océans
  • promouvoir la pêche durable dans les 70 % restants
  • lutter efficacement contre la pêche illégale (notamment en multipliant les contrôles)

Agir en tant que consommateur !

Heureusement, en tant que consommateur, nous avons aussi le pouvoir de changer les choses. Privilégions la pêche durable ! Elle est déjà bien présente en France. Voici quelques conseils pour vous y retrouver :

  • Évitez d’acheter des poissons provenant de stocks menacés : pour vous aider, plusieurs sites et applications recensent les poissons à éviter ou les stocks à favoriser
  •  Selon l’association Bloom, les labels peuvent être trompeurs ! Msc (concernant la pêche de capture) ou Asc (concernant l’aquaculture), ils promeuvent une pêche durable. Cependant, leur cahier des charges est trop vague permettant ainsi l’octroiement du label à des industriels… peu scrupuleux. Il est préférable de choisir son poisson sur l’étalage selon son origine et la méthode de pêche : privilégiez-les poissons pêchés à la ligne, au filet ou au casier
  • Achetez des produits labels AB : ce poisson certifié biologique est issu d’un élevage de haute qualité respectant l’animal et l’environnement
  • Achetez local : dorade, mulet ou rouget, un bon nombre d’espèces que nous aimons vivent dans les eaux françaises. Essayons de faire vivre nos pêcheurs

 

Pour aller plus loin, nous vous invitons à vous renseigner auprès d’associations qui lutte contre la surpêche comme Bloom 

 

Sources :