30% du saumon que nous consommons est mangé pendant les fêtes de fin d’année. Star des grandes tablées, le saumon fumé est pourtant loin d’être innocent. Aujourd’hui, la plupart des populations de saumons européennes sont totalement épuisées ou en surpêche. S’il est tentant de considérer un poisson sauvage comme plus qualitatif, la réalité est toute autre : en raison de la pollution des océans, il est plus facilement contaminé aux métaux lourds. C’est le cas du saumon sauvage dit « Pacifique », souvent pêché en Alaska.
Plus accessible que le saumon sauvage, le saumon d’élevage est souvent privilégié : il représente 95% du saumon consommé par les Français. La plupart des saumons fumés commercialisés dans nos supermarchés proviennent d’immenses fermes d’élevage étrangères, principalement situées en Norvège, Ecosse et Irlande.
90% du saumon d’élevage est appelé « saumon Atlantique » : cela ne signifie pas un indice d’origine mais d’espèce, le “saumon salar”.
Mais le poids environnemental des fermes piscicoles est lourd : la grande concentration de poisson au sein des bassins favorise l’apparition des maladies et l’accumulation des excréments, les traitements antibiotiques sont monnaie courante, des mutations pathogènes apparaissent et se propagent ensuite dans le reste des océans, les oiseaux et mammifères marins se prennent dans les filets,…Et sur l’étiquette, aucune précision sur les conditions d’élevage n’est obligatoire.
Alors à quoi être attentif pour choisir son saumon fumé ?
Aujourd’hui, les labels ne garantissent plus une qualité suffisante.
Les labels MSC (le plus connu pour la pêche) ou ASC (l’équivalent MSC pour le saumon d’élevage) ne sont pas des garanties de qualité, de bien-être animal ni d’engagement environnemental, et leurs attributions sont aujourd’hui controversées car trop permissives. L’association BLOOM, appuyée par le magazine “Complément d’enquête”, révélaient en début d’année les dessous de ces deux labels, développés par Unilever et le WWF.
Le label bio n’existe que pour le saumon d’élevage, et si son cahier des charges précise la densité maximale à respecter dans les bassins, une alimentation de céréales biologiques, et le minimum de traitements antibiotiques, ce n’est pas suffisant. Souvent, les saumons d’élevage sont également nourris de farines d’autres poissons comestibles, et se retrouvent contaminés aux métaux lourds. Cette alimentation leur donne une chair grisâtre : on leur rajoute un colorant synthétique pour donner une couleur rosée uniforme à la chair.
Deux petits nouveaux, les labels Artysanal et « Pêche Durable », peuvent vous aiguiller. Le premier est un label indépendant et international, développé par l’association SMART (qui promeut la pêche artisanale à petite échelle). Cette labellisation permet au consommateur d’avoir la certitude que celui-ci est issu de pêcheries artisanales côtières, qui s’engagent à prélever sans mettre en danger les ressources et à respecter leurs travailleurs en leur permettant de vivre dignement de leur activité.
Le second, lancé en 2017 par le Ministère de la Transition écologique, encourage les pêcheries à minimiser leur impact sur les stocks de poissons et à réduire leur usage d’énergies fossiles.
Soyez également attentif à la méthode de préparation. La mention « fumé au bois de » garantit une fumaison traditionnelle, par combustion lente de chêne ou hêtre. A contrario, l’apposition « fumé » ou « arôme fumé » dans la liste d’ingrédients signifie que le fabricant a potentiellement vaporisé le poisson d’un liquide au goût fumé : plus rien à voir ! Si possible, privilégiez les maisons de fumage françaises, au savoir-faire artisanal.