Les mots « écologie », « changement climatique », « gaz à effet de serre » sont entrés dans le langage courant. Plus un jour ne passe sans qu’ils ne soient utilisés à la télévision ou à la radio. A force de les entendre, nous pensons les comprendre. Mais est-ce vraiment le cas ? Aujourd’hui, 3 minutes pour s’interroger sur un autre de ces termes complexes : l’empreinte carbone. Qu’est-ce que l’empreinte carbone et pourquoi la calcule-t-on ?  

Afin de mieux comprendre et parce qu’à la Fondation GoodPlanet nous sommes gourmands, nous nous pencherons plus spécifiquement sur un exemple concret : notre alimentation. Elle pèse lourd sur la balance carbone puisqu’elle est à l’origine d’un tiers des émissions totales de gaz à effet de serre en France. Pourquoi nos assiettes ont-elles une empreinte carbone si importante et comment agir pour la réduire ?  

L’empreinte carbone, qu’est-ce que c’est ?  

Chaque jour, lorsque nous nous déplaçons, lorsque nous allumons la télévision ou que nous cuisinons, nous avons un impact sur le climat. Nos actions, en tant qu’individus, mais aussi celles des entreprises lorsqu’elles produisent les biens que l’on achète, ont une conséquence principale : elles émettent des gaz à effet de serre. Ces gaz à effet de serre sont des gaz présents dans l’atmosphère qui captent les rayons du soleil et maintiennent la Terre à une température suffisamment haute pour que la vie s’y développe. Seulement, depuis plusieurs décennies, ils s’accumulent et conduisent à ce que l’on nomme l’effet de serre, responsable du réchauffement climatique.

Le réchauffement global de la planète ne cesse de s’accélérer et pourrait dépasser les +4 degrés (par rapport au niveau de 1990) en 2100 si nous ne changeons pas profondément nos façons de vivre. Mais, comment savoir par quoi commencer ? Quelles sont les activités qui émettent le plus de gaz à effet de serre et qu’il faudrait réduire voire stopper ?

L’empreinte carbone est l’outil qui a été créé pour cela : il s’agit d’une unité de mesure de l’impact des activités humaines sur les changements climatiques. On calcule ainsi la quantité de gaz à effet de serre émise lors d’une action. Le CO2, ou dioxyde de carbone, est le gaz à effet de serre le plus connu de tous, il est émis lors de la combustion d’énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon). S’il est le plus répandu, le CO2 n’est pas le seul gaz à effet de serre généré par les activités humaines. La mesure de l’empreinte carbone prend également en compte le méthane (qui a un pouvoir réchauffant 25 fois plus important), le protoxyde d’azote (300 fois plus), l’hydrofluorocarbure, le perfluorocarbure et l’hexafluorure de soufre ! Les émissions de ces trois derniers gaz fluorés sont principalement dues à l’utilisation d’équipements pour maintenir le froid et aux aérosols.

Afin d’avoir une mesure unique et (facilement ?) compréhensible par tous, la convention veut que l’on exprime l’empreinte carbone en « équivalent co2 » ou co2e, c’est-à-dire la quantité de dioxyde de carbone qui aurait le même impact, le même pouvoir réchauffant.

Il est possible de calculer l’empreinte carbone :

  • D’un objet : on analyse son cycle de vie, des matériaux nécessaires à sa fabrication jusqu’à l’énergie nécessaire pour son utilisation
  • D’une entreprise : celles ayant plus de 500 salariés doivent désormais effectuer un bilan carbone
  • D’un Etat : depuis la signature du Protocole de Kyoto en 1995, les pays mesurent chaque année leurs émissions de gaz à effet de serre, dans un objectif de réduction.

Par exemple, un français émet en moyenne 7 tonnes de CO2 équivalent par an ! Pour bien faire, et respecter les objectifs fixés par l’Accord de Paris lors de la COP21 en 2015 pour maintenir le réchauffement planétaire en dessous des 2 degrés, il nous faudrait réduire drastiquement cette empreinte et atteindre les 2 tonnes…3

En France, comme ailleurs, nos habitudes alimentaires pèsent lourd dans la balance : 1/3 de nos émissions de gaz à effet de serre sont dues à la façon dont nous mangeons. Pourquoi ?  

Quelle est l’empreinte carbone de nos repas ? 

agriculture pesticides problème de modèle

Avant tout, une petite précision : l’empreinte carbone ne correspond pas à l’impact écologique total d’une action. On ne prend ici en compte que le lien entre la production de nos aliments, leur transformation, leur distribution et leur consommation et le réchauffement climatique ! L’alimentation a bien d’autres conséquences, de plus en plus médiatisées, sur l’environnement : qualité des sols, pollution des eaux, disparition de populations d’insectes à cause de l’usage de produits phytosanitaires …

Pour découvrir l’impact sur le climat de nos repas, deux approches sont possibles : calculer l’empreinte carbone de chacun des produits alimentaires que l’on consomme, ou étudier l’empreinte générale de notre système alimentaire. C’est la deuxième option que nous vous proposons aujourd’hui !

Nous consommons en moyenne, en France, 2,4 kilos d’aliments par jour, dont la moitié de boissons, deux tiers de végétal et un tiers de produits animaux. Quels gaz à effet de serre se cachent derrière cette quantité de nourriture ? A quoi sont-ils dus ?

Selon un rapport de l’ADEME datant de 2019, la très grande majorité, plus de 2/3, des émissions de gaz à effet de serre du secteur alimentaire est due à l’étape de la production agricole. Il est donc indispensable de repenser la façon dont sont produits nos aliments ! L’un des premiers changements à amorcer concerne la part de viande, et de produits laitiers, que nous mettons dans notre assiette. En effet, produire de la viande, des yaourts et du fromage mobilise 80% de la surface agricole utile nécessaire à notre alimentation en France et cela se traduit de la même façon pour l’empreinte carbone : 85% des émissions de gaz à effet de serre au stade agricole sont dus à ces produits. La raison est simple : l’élevage provoque d’importantes émissions de méthane (29% du total). Le méthane a un pouvoir réchauffant très fort, bien plus que le CO2. Il est émis par les ruminants lors de leur digestion.


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En plus du méthane, l’activité agricole est à l’origine de l’émission de grosses quantités de protoxyde d’azote (23% du total). Ce gaz à effet de serre est émis lorsque des engrais minéraux, que l’on dit « azotés », sont produits puis utilisés dans les champs pour stimuler la croissance des plantes, notamment des végétaux destinés à nourrir les animaux, ce qui explique les émissions très importantes citées plus haut.

Et enfin, le CO2 représente 22% des émissions totales à l’étape de la production. Celui-ci est principalement dû à la consommation énergétique des exploitations agricoles : de l’éclairage et du chauffage des bâtiments et des serres, au fonctionnement des tracteurs et autres machines.

Par ailleurs, bien que son impact sur le climat soit moins important qu’on ne le pense parfois, le transport des aliments reste à l’origine de 19% de l’empreinte carbone totale de nos assiettes. Environ 40% des fruits et légumes que nous consommons en France viennent de l’étranger et sont majoritairement transportés par bateaux et par camions. Il en va de même pour la plupart de nos ingrédients qui voyagent beaucoup du champ à l’assiette et subissent de nombreuses transformations avant que nous ne les dégustions.

Manger plus local permet ainsi d’alléger considérablement notre empreinte environnementale !

Enfin, les émissions restantes sont dues au fonctionnement des industries agro-alimentaires qui nous fournissent en aliments transformés, ainsi qu’à la consommation d’énergie induite par la conservation des aliments et la préparation de nos repas, au restaurant comme à la maison.

Mais alors, comment réduire l’empreinte carbone de son assiette ?  

  • On commence par faire le bilan carbone de sa propre alimentation.  La Fondation GoodPlanet vous propose de calculer vos émissions carbone et de les compenser. Plusieurs sites vous proposent de calculer les émissions spécifiquement liées à vos repas : le calculateur d’empreinte écologique de WWF ou encore Bon Pour Le Climat.
  • On réduit la part de produits animaux dans son assiette et on augmente la part de légumineuses (lentilles, pois chiche, haricots rouges…) pour faire le plein de protéines végétales.
  • On privilégie les produits issus de l’agriculture biologique, les producteurs et productrices, ne recourant pas à l’usage d’engrais azotés et adoptant des pratiques agricoles qui permettent de capter davantage de CO2.
  • On choisit bien ses sorties au restaurant : 1 repas sur 7 est pris à l’extérieur du domicile. De plus en plus de chefs(fes) cherchent à réduire l’empreinte carbone de leur activité et regorgent d’imagination pour nous régaler. Soutenons-les !  Pour des bonnes adresses de restaurants engagés, rendez-vous sur les sites internet d’Ecotable et de Bon Pour Le Climat.
  • On mange de saison : respecter le rythme de la nature et des saisons permet de réduire notre impact sur l’environnement ! Une tomate cultivée sous serre, hors saison, a une empreinte carbone dix fois supérieure à une tomate cultivée localement en pleine saison. Et ceci est bien entendu valable pour nos autres fruits et légumes.
  • On mange davantage de produits bruts, produits localement et vendus en circuits courts : pour toutes les astuces cliquez-ici
  • On lutte contre le gaspillage alimentaire : nous jetons chaque année plus de 10 millions de tonnes d’aliments en France, autant de ressources produites et transportées pour rien ! Pour des pistes d’actions concrètes, c’est par ici
  • On se renseigne sur l’agroécologie et on se mobilise collectivement pour soutenir l’installation (et la survie !) de producteurs(trices) aux pratiques vertueuses.
  • On participe aux ateliers de cuisine de la Fondation GoodPlanet pour découvrir de délicieuses recettes et réduire son empreinte carbone sans même s’en rendre compte !

Pour aller plus loin :

 

Sources :

[1] Site internet de l’ADEME, Gaz fluorés : les sources d’émissions et les impacts https://www.ademe.fr/entreprises-monde-agricole/reduire-impacts/reduire-emissions-polluants/dossier/gaz-fluores/gaz-fluores-sources-demissions-impacts

[2] Rapport de l’ADEME, L’empreinte énergétique et carbone de l’alimentation en France, janvier 2019 https://ec.europa.eu/eurostat/databrowser/view/t2020_rd300/default/table?lang=fr

[3] Rapport de Carbon4, Faire sa part ? Pouvoir et responsabilité des individus, des entreprises et de l’Etat face à l’urgence climatique, juin 2019 https://www.carbone4.com/wp-content/uploads/2019/06/Publication-Carbone-4-Faire-sa-part-pouvoir-responsabilite-climat.pdf

[4] Site internet Eurostat, Emissions de gaz à effet de serre par habitant, 23 avril 2020 https://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/rapport-francais-bilan-carbone-alimentation-france-2019.pdf