Selon l’INSEE, 9% du territoire métropolitain est aujourd’hui artificiel (contre 5% dans les années 80) et la tendance n’est pas à la baisse. Au contraire, on note une reprise de l’activité de construction depuis 2016 ayant pour conséquence la disparition toujours plus rapide des espaces naturels et agricoles. Par exemple, plus de 23 000 hectares de terres auraient été perdus en 2017, soit l’équivalent de la ville de Marseille (CEREMA).
Cette cadence inquiète les scientifiques : l’IDDRI (Institut du Développement Durable et des Relations Internationales) indique que si la tendance ne s’inverse pas, ce seront 18% du territoire français qui seront artificialisés à la fin du siècle.
Les territoires les plus touchés par l’artificialisation sont sans surprise les littoraux et les métropoles, où la pression démographique est plus forte, mais le phénomène concerne néanmoins tout le territoire. En effet, en France, aucune région n’est totalement en reste puisque l’on artificialise surtout pour construire des maisons : 68% de l’artificialisation est due à la construction d’habitats privés. En cause, l’évolution des modes de vie et le goût de plus en plus répandu pour les maisons individuelles au détriment des habitats collectifs : moins de personnes vivent seules sur de plus grands espaces.
Deuxième déterminant de cette perte d’espaces précieux : le développement de l’activité commerciale. 25% des sols artificialisés le sont pour laisser place à des zones d’activités économiques (construction de zones commerciales, d’entrepôts…), le pourcentage restant étant lié à des causes diverses ou inconnues.
Face à ce constat inquiétant, les mobilisations sont nombreuses et les luttes contre des projets de construction ou de développement de nouvelles infrastructures (terminaux d’aéroports, constructions de lignes à grande vitesse, centres commerciaux et nouvelles zones d’activités économiques dans les communes) se sont multipliées.
L’Etat aussi a pris position sur le sujet depuis le début des années 2000 pour encadrer davantage l’urbanisation et l’aménagement du territoire et tenter de préserver les espaces naturels. Le récent Plan Biodiversité de 2018 fixe un objectif de « zéro artificialisation nette », illustrant bien la prise en compte des dangers de ce phénomène, à défaut d’atteindre, pour l’instant, les résultats escomptés.