Beth Moon est une photographe américaine mondialement reconnue pour ses photographies d’arbres. Son travail sur la vie des corbeaux, les plantes carnivores ou encore le désert arboré du Yémen révèle une nature majestueuse, poétique et mystérieuse. Ses œuvres, largement saluées par la critique, ont fait l’objet de plus de soixante-quinze expositions individuelles et collectives aux États-Unis, en Italie, en Angleterre, en France, en Allemagne, en Israël, au Brésil, à Dubaï ou encore à Singapour. Son travail est exposé dans de nombreuses collections publiques et privées.
Corvus
Cette photo est issue de la série « Diamond nights » inspirée par deux études scientifiques qui ont relié la croissance des arbres aux mouvements célestes et aux cycles astraux.
Des chercheurs de l’université d’Édimbourg ont montré que les arbres pousseraient plus vite lorsque des niveaux élevés de rayonnement cosmique atteignent la surface de la Terre, concluant que le rayonnement cosmique aurait un impact sur la croissance des arbres encore plus important que la température annuelle ou que les précipitations.
Lawrence Edwards, chercheur renommé, a découvert ensuite que les bourgeons des arbres changeraient de forme et de taille de manière rythmique selon des cycles réguliers tout au long de l’hiver, en corrélation directe avec la lune et les planètes.
Cette série photographique a marqué la transition de Beth Moon de la pellicule au numérique, mais aussi du noir et blanc à la couleur. Jusque là, la majorité de son travail était réalisée avec un appareil photo argentique, le numérique lui permettra d’aller plus loin dans ses prises de vue nocturne.
Cobra Lily
Dans un monde divisé en termes d’actif et de passif, nous avons tendance à considérer les plantes comme des formes de vie passives et non agressives. Il y a environ 100 millions d’années, l’évolution a cependant conduit les plantes carnivores sur une autre voie, brouillant la frontière qui sépare le règne végétal du règne animal. Alors qu’elles cherchaient une alimentation riche en protéines, manger des insectes est apparu comme une stratégie évolutive brillante, et ces plantes déploient une étonnante panoplie de dispositifs pour les attirer.
Ainsi, sur cette photo d’une « Plante Cobra », on observe son capuchon transparent, conçu pour retenir et réfléchir la lumière afin d’attirer l’attention des insectes. La Dionnée attrape-mouche adopte une autre stratégie : ses minuscules poils, qui ressemblent à des moustaches, signalent qu’un visiteur pénètre dans l’appendice en forme de griffe qui se referme alors, paralysant et écrasant la victime. La Pitcher plant, quant à elle, attire les proies grâce au parfum enivrant de ses poils externes qui conduisent les insectes jusqu’à une lèvre glissante où, d’extase, ils tombent et se noient dans le piège.
Il y a une beauté sinistre dans les plantes carnivores, qui ont appris à tirer le meilleur parti des conditions dans lesquelles elles poussent, honorant ainsi le côté plus sombre et mystérieux de la nature.
Shebehon Forest
L’île de Socotra, située dans la mer d’Oman au large de la corne de l’Afrique et gouvernée par le Yémen, abrite plus de 700 plantes et animaux indigènes que l’on ne trouve nulle part ailleurs sur Terre.
Le mythique Dragonnier de Socotra est un arbre qui peut vivre jusqu’à 500 ans. Avec son tronc vertical et sa canopée arquée, on pourrait facilement l’imaginer comme un parapluie soufflé à l’envers. Lorsque le tronc est coupé, une résine de couleur écarlate suinte de l’arbre. Appelée le sang-de-dragon, on lui prête des vertus médicinales et spirituelles. De récentes études ont en effet révélé que cette résine aromatique soulage la dépression et l’anxiété.
Autrefois rassemblés en une vaste forêt, les arbres uniques de Socotra sont désormais en danger d’extinction. Les dernières années ont montré un déclin inquiétant causé par le surpâturage et une couverture nuageuse insuffisante qui ne garantit plus les conditions nécessaires au développement des jeunes pousses.
L’île de Socotra abrite également 50 000 habitants qui parlent une langue ancienne, chantée et différente de l’arabe, mais non écrite. Ils vivent de manière simple et autosuffisante, en s’appuyant sur la pêche, l’élevage de chèvre et la culture de dattes, et de récoltes sommaires. L’île est toujours gérée selon la coutume et la tradition d’une vie en harmonie avec la nature.
Odin’s Cove #9
Cette photo est issue d’un projet sur les corbeaux, né d’une série de voyages sur le littoral californien. Pendant trois ans, Beth Moon a fait de nombreux voyages dans cette région et a développé une relation particulière avec un couple de corbeaux, qu’elle présente comme une véritable « amitié ». Avec le temps, le couple d’oiseaux a appris à la reconnaitre et Beth Moon a fait de nombreuses observations sur leur mode de vie et leurs « personnalités ».
Elle a baptisé la partie du littoral où elle a pris ses photos « La Crique d’Odin », en l’honneur du dieu nordique et les deux corbeaux qui l’accompagnaient. Cette série rend compte de la loyauté réciproque du couple d’oiseaux, elle dépeint également leur environnement mais aussi la relation de confiance qu’ils ont établie avec la photographe.
The great western red Cedar
Beth Moon dans sa série Portraits of Time, se penche sur la notion de temps. Elle voit l’œuvre du temps dans la forme d’un vieux chêne dont les vents caressent et sculptent l’écorce, dont le tronc s’évase en une multitude de rameaux pour faire face à la tempête. Beth Moon tenait ainsi à faire perdurer le souvenir de ces arbres incroyables, de témoigner de leur existence auprès des générations futures, tels qu’ils se dressaient devant elle avant qu’éventuellement ils ne disparaissent.
Le grand cèdre rouge occidental à plusieurs troncs qui figure sur cette photo aurait été planté en 1863. Il se trouve dans l’arboretum du parc Gelli Aur, au Pays de Galles. Il s’agissait autrefois d’un domaine privé appartenant à Lord et Lady Vaughan, nobles gallois, explorateurs coloniaux et passionnés d’arbres. Aujourd’hui, ce jardin botanique de 24 hectares comporte plusieurs centaines d’arbres adultes et de spécimens.