Conscients de l’impact des produits à usage unique majoritairement en plastique, sur la santé et l’environnement, nous choisissons de plus en plus de produits réutilisables. Le mug en bambou est un best-seller en la matière. Il a vu le jour comme une alternative au gobelet en plastique quand la France en jetait 4,7 milliards par an*.
Aujourd’hui, les gobelets en plastique sont interdits : dans la vente à emporter comme à la machine à café ils ont été remplacés par des gobelets en carton. Pas plus sains, pas forcément plus écologiques car beaucoup sont recouverts d’une pellicule en plastique, ils demeurent des produits jetables. Alors le mug en bambou et son image de produit naturel et écologique s’est imposé comme la solution idéale. Léger, joli, on le trouve maintenant partout dans des couleurs et modèles variés. Vous la sentez venir la grosse désillusion ?

C’est quoi un mug en bambou ?

Ce qu’on appelle dans le langage courant un mug en bambou n’est pas, contrairement à ce qu’on pourrait penser, fabriqué uniquement avec du bambou. Parfois il en contient même très peu. Il s’agit d’un mélange de poudre de plantes comme le maïs et le bambou et d’une résine plastique : la mélamine. La plupart des mugs en bambou présents sur le marché contient des taux de mélamine allant jusqu’à 60%.

Des dangers pour la santé

La mélamine est un produit classé cancérigène par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) [1] et reconnue également comme toxique pour les reins. Utilisé à froid, ce plastique n’est pas problématique. Mais la chaleur lui réussit mal : exposée à des hautes températures la mélamine passe dans les aliments et se décompose en monomères et formaldéhyde, substances également classées cancérigènes.

Le plus étonnant c’est que le mélange bambou et mélamine est plus dangereux que la mélamine seule. Quand on ajoute des fibres à un plastique, le matériau devient plus poreux. Ça accélère sa décomposition et le risque de migration est plus élevé.

L’institut fédéral allemand d’évaluation des risques a mené des tests sur 228 types de mugs en bambou et a constaté des niveaux alarmants de toxines lorsqu’on y verse des liquides à plus de 70 °C. Dans 35 % des cas, les valeurs limites européennes sont dépassées, avec des niveaux parfois 30 fois supérieurs au seuil de sécurité pour les adultes et 120 fois au seuil pour les enfants ! Qui plus est, la quantité de mélamine libérée augmente au fil des expositions à des liquides chauds ou légèrement acides comme les sodas ou le café. [2]. D’autres tests en France [3] et en Europe ont eu les mêmes conclusions.

La migration de la mélamine vers les aliments dépendrait également des marques : « Pour un même objet, on observe des taux de migration très variables d’un lot à l’autre », explique Pascale Lambert, experte contact alimentaire au laboratoire SGS de Rouen. En cause une mauvaise maîtrise du processus de fabrication.

Pas si écologique que ça…

Biodégradable, compostable, naturelle.… c’est vrai pour la fibre de bambou mais pas pour le produit fini une fois mélangé à la mélamine. On ne rend pas du plastique biodégradable en lui ajoutant une fibre naturelle !
Le recyclage n’est pas non plus possible. La résine mélamine ne peut être mise en œuvre qu’une seule fois, la chauffer ne la fera pas fondre et sa forme reste donc inaltérable. La seule option de fin de vie pour ces produits reste donc de les brûler en tant que déchets.

Si le mug est représentatif de la vaisselle en bambou mélaminé, d’autres objets sont concernés : lunch box, assiettes, bols, saladiers, couverts, vaisselle pour les enfants, etc

D’ailleurs plusieurs produits de ce type ont été retirés du marché ces deux dernières années à cause des risques sanitaires : https://www.oulah.fr/?s=bambou

Que dit la législation ?

Tout matériau contenant de la mélamine, même en quantité minime, est considéré comme du plastique et doit donc répondre aux exigences de la législation européenne relative aux matériaux plastiques entrant en contact avec les denrées alimentaires (règlement UE 10/2011). Selon cette législation européenne, le bambou n’est pas autorisé pour la fabrication de tels produits. Tous les matériaux destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires doivent être évalués par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) avant d’être autorisés sur le marché européen. Une telle évaluation n’a jamais été effectuée sur les produits constitués, entre autres, de fibre de bambou car considéré à tort jusqu’à présent comme de la fibre de bois – autorisée – alors qu’il s’agit en réalité d’une plante.

Une nouvelle toute fraîche 

Dans une lettre commune [4] publiée le 15 février 2021, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas réclament ensemble le retrait des produits en bambou mélaminé du marché de l’UE. Dans la lettre, les trois agences gouvernementales nationales critiquent qu’un large éventail de produits fabriqués à partir de bambou mélaminé, peuvent encore être trouvés sur le marché de l’UE, alors que la Commission européenne (CE) a constaté lors d’un groupe de travail [5] que ces matériaux composites n’étaient pas autorisés pour les articles en contact avec les denrées alimentaires conformément à l’article 5 du règlement (UE) n ° 10/2011.

Certains pays membres de l’Union, comme l’Autriche, ont déjà interdit la vente de ce genre de vaisselle en vertu du principe de précaution. Si les pays du Benelux ont déjà évoqué des contrôles accrus dès le mois de mai, pour une disparition complète des produits controversés dès le deuxième trimestre 2021, en France, rien n’a encore été annoncé.

Alors que faire ?

Si vous possédez déjà de la vaisselle en bambou mélaminé, assurez-vous qu’elle ne fait l’objet d’aucun rappel de la part du fabricant. Si tel est le cas, adressez-vous au magasin dans lequel vous avez acheté votre vaisselle, il est tenu de vous rembourser.

Sinon, vous pouvez continuer à l’utiliser mais uniquement pour des aliments froids ou tièdes.

Évitez absolument le micro-ondes et préférez le lavage à la main. À la moindre fissure ou dégradation il vaut mieux s’en débarrasser.

Si vous souhaitez acheter un mug réutilisable : 

  • d’autres mélanges de fibres existent. Renseignez-vous sur la composition et la conformité. Si l’information n’est pas disponible mieux vaut passer son chemin. Fuyez les informations comme “à base de bambou” “matériau principal bambou” “fibres naturelles et résine alimentaire”. Méfiez-vous des petits prix. La qualité ne peut pas être au rendez-vous. Et surtout lors de l’utilisation respectez les consignes du fabricant (température, lavage, etc).
  • privilégiez d’autres matériaux comme le verre ou l’inox.

Même des articles pour la puériculture existent en verre serti de caoutchouc. Pour les couverts, le bois est un bon matériau et les lunch box en inox sont à privilégier.

Et les mugs réutilisables vendus à la Boutique GoodPlanet, alors ?  

Depuis longtemps la boutique de la Fondation vend des mugs réutilisables, une façon de nous aider à conserver la gratuité du lieu et de nos activités. Comme beaucoup, nous avons pu considérer avant de prendre connaissance de ces études que la vaisselle « à base de bambou » pouvait être une alternative acceptable au jetable. Il se trouve que nous travaillons exclusivement avec la marque Ecoffee, une marque connue pour la qualité de ses produits et la transparence avec laquelle elle les conçoit.

C’est sur la base des informations ci-dessous fournies par la marque que nous continuons de proposer ces mugs : « Les mugs Ecoffee sont composés d’un composite de fibres naturelles, d’amidon de maïs sans OGM et d’une résine végétale dérivée d’extrait d’aloès et de soja. La fibre naturelle est recyclée à partir de matériaux précédemment brûlés par les agriculteurs. Ces matériaux sont abondants et ne nécessitent aucune forme d’agriculture forestière ou alimentaire.

Nos mugs sont fabriqués avec plus de 97,5% de matériaux naturels et, contrairement à la plupart des produits en fibre de bambou qui contiennent jusqu’à 60% de mélamine, nous avons été testés et vérifiés de manière indépendante par le laboratoire de test britannique Intertek pour contenir <3% de mélamine.

Nos manchons et couvercles sont fabriqués à partir de silicone de qualité alimentaire pur et sans latex, provenant d’oxygène et de silice (sable).

Nos produits sont régulièrement testés en Europe par des laboratoires de test indépendants, Intertek et TUV Rheinland, pour se conformer aux réglementations UE (LFGB) Contact Alimentaire (CE) n ° 1935/2004 et (CE) n ° 10/2011.

Nous testons également au-delà des réglementations pour nous assurer que le mug Ecoffee est adapté à une utilisation régulière à + 100 ° C. Ecoffee Cup est également conforme aux réglementations US FDA et Japan Food Contact. Nous sommes heureux de partager ces résultats avec nos clients sur demande.

Afin de faire une déclaration de biodégradabilité et de se conformer à la norme européenne EN 13432, un produit doit se biodégrader à 90% dans les 6 mois. Pour ce type de produits, cela n’est tout simplement pas réalisable. Malgré ce que certains de nos concurrents peuvent prétendre, aucune tasse réutilisable sur le marché ne répond actuellement à cette norme.

Nous croyons qu’il faut assumer la responsabilité de tout ce que nous créons, c’est pourquoi nous avons bouclé la boucle avec Terracycle pour nous assurer qu’aucun de nos composants de produit ne finisse par faire partie de la culture des déchets de consommation que nous nous sommes fixés pour objectif de combattre. Vous pouvez nous retourner tous les éléments de notre produit (emballage, tasse cassée ou composants en silicone) pour être recyclés commercialement ou réutilisés dans une nouvelle tasse Ecoffee. Téléchargez ici l’étiquette prépayée »