Le chaud soleil de la région sèche de Piura, au Nord du Pérou, dessèche tout et les maigres arbustes qui poussent ont bien du mal à résister à l’assaut des chèvres.
Mais les habitants n’ont pas baissé les bras : ils retroussent leurs manches et s’attèlent avec énergie à ce difficile travail de protection de ces timides repousses vertes en installant des cercles de protection épineux autour d’un ou plusieurs arbustes. C’est ainsi que les habitants de 5 communautés ont pu participer au projet en protégeant, en 2017, plus de 62 000 arbustes sur 2520 ha de forêt sèche au bénéfice de 1775 personnes.
Cet enjeu est vital pour préserver le « bosque seco », la plus grande forêt sèche de l’ouest sud-américain, qui se dégrade à une allure inquiétante (déforestation estimée à 20 000 ha/an) et pour protéger sa biodiversité de plus en plus menacée (plus de 15 espèces endémiques).
De retour d’une visite terrain à la mi-avril, la chargée de projets de la Fondation GoodPlanet, Claire Sellier, explique : « Les habitants des communautés se sont véritablement appropriés ces techniques de régénération naturelle assistée de leur forêt sèche, même si les impacts de ces actions ne se feront sentir qu’à moyen terme. Pour encourager les communautés dans la poursuite de leurs efforts, le projet permet de financer en parallèle de cette renaissance de la forêt, des actions à impact rapide et que les communautés choisissent elles-mêmes. Ces actions concernent l’amélioration de l’accès à l’eau, le développement d’activités économiques agricoles (maraîchage, élevage de chèvres…) ou de petite transformation agro-alimentaire (moringa, sirop d’algarrobina à partir de gousses d’un arbre sauvage local). Ce projet a également permis aux femmes de prendre confiance en elles, de voir leur rôle central dans la vie des communautés mieux reconnu et d’être mieux intégrées aux processus décisionnels (notamment pour le choix des projets collectifs) ».
La Fondation GoodPlanet, grâce au soutien financier de la Fondation Raja et de l’entreprise Pernod-Ricard, a accompagné en 2017/2018 ce projet de l’entreprise sociale française Kinomé et de l’ONG péruvienne AIDER. Ces activités se poursuivront encore sur plusieurs années pour renforcer les actions existantes, les répliquer à d’autres communautés et passer de ces projets pilotes vers une échelle plus importante pour les activités génératrices de revenus de maraîchage, de transformation du moringa et d’algarrobina.